mercredi 31 août 2011

22 août 2011, au coeur des orages [chapitre 1 : Attentes]

Le 22 août 2011, une forte dégradation orageuse concerne le Nord-Ouest de la France. Voici le récit d'une petite aventure qui prend place au beau milieu de ces orages ...




   17 mois. C'est le temps passé depuis la dernière fois que j'ai eu l'occasion de faire un tel article (pour les curieux, vous pouvez toujours lire Thunder trip #1 du 29/03/2010). Depuis, on ne peut pas dire qu'on ait, ou du moins que j'ai vraiment été gâté par les orages ...

   Naturellement, pendant l'hiver, les orages n'existent ici que sous forme de souvenirs ou de fantasmes. Le moindre coup de foudre, même faible en plein hiver peut vous mettre des centaines d'amateurs de météo en émoi.
   Le début de l'année 2011 se révèle la période avec l'activité orageuse la plus faible depuis plusieurs années. De faibles espoirs de voir un orage approcher de mon objectif donc, mais je ne m'inquiète pas : les premiers jours de printemps arrivent, et le début de la "véritable saison orageuse" n'est plus très loin. Je rêve déjà des petites cellules orageuses isolées, sans intensité particulière mais souvent très photogéniques, avec des enclumes très nettes qui se dessinent avec contraste dans un ciel bleu vif, dans une nature pleine de couleurs, toute renaissante ...
   Printemps 2011, après quelques semaines d'attentes, le verdict tombe : sècheresse. La chaleur est au rendez-vous, mais l'humidité, elle, reste bien à l'écart. Ainsi, je me résigne à apprécier le ciel bleu. Mon nouvel appareil photo attendra ...
   Juin 2011, l'espoir renait, enfin ! La situation se débloque sur la France, et l'eau fait son grand retour. Après plusieurs mois de chaleur, on pouvait s'attendre à des orages prometteurs : il n'en sera rien. Enfin, bien que l'activité orageuse soit régulière sur le pays, j'y échappe à chaque fois. A la moitié du mois, à l'hippodrome de Longchamp pour préparer le festival Solidays, le temps maussade défile à grande vitesse. Quelques fortes rafales nous assurent de quoi travailler régulièrement. Fin juin, la chaleur revient rapidement, et de forts orages sont enfin prévus. Mais, comme d'habitude, ces orages m'esquivent, et au mieux, je les vois défiler au loin ...
   En juillet 2011, je suis pleinement disponible : Je ne raterai pas la moindre opportunité ! Cette fois-ci, impossible de passer à côté, mes premiers vrais orages ne vont plus tarder ! Hélas, la fraicheur s'installe, la grisaille l'accompagne, les opportunités disparaissent ... Je passe même à côté de la plus forte dégradation orageuse, le 12 juillet, qui s'enfuira bien plus à l'Est.

   Août 2011, le temps commence à se faire long ... 1 an sans avoir pu vivre de dégradation orageuse alors que la fin de la saison approche dangereusement, je commence un peu à m'impatienter ! D'autant plus que toutes les dégradations orageuses précédentes prévues, parfois prometteuses, se sont avérées au dernier moment décalées vers l'Est, ou de véritables flops. Voir tout ce potentiel s'évaporer entre ses mains a même réussi à me résigner : cette année, je n'aurai rien. Autant attendre les premiers orages de 2012.
Et pourtant, le 18 août, l'espoir ressurgit. Changement de programme : un thalweg se développe juste à l'Ouest de la France, situation typiquement estivale. Des orages forts sont envisagés. Hélas, des entrées maritimes exceptionnelles sur l'Ouest du pays ruinent tout le potentiel instable. Le ciel ne se dégage qu'en soirée, et des orages circulent en Normandie. Qui me narguent, au loin ...

Orages au loin, vers le Nord-Ouest, dans la soirée du 18 août, alors que le ciel se dégage enfin. (Sisi, c'est bien un orage, regardez les sommets nuageux illuminés par des éclairs intranuageux !)

   Le thalweg s'isole alors en goutte froide au large du Portugal, tandis que les hautes pressions s'installent sur l'Europe, et dans ce joli flux de sud, on ne tarde pas à voir arriver une petite canicule.
Chaud et sec. Le spectre du printemps resurgit ...

Néanmoins, plus ça avance, et plus le potentiel orageux devient notable pour la fin de la canicule. Mais les modèles numériques changent du tout au tout d'un run à l'autre : entre pas d'orages, des orages d'une rare violence, des orages sur le Nord, des orages sur l'Est, la prévision s'avère bien difficile. A cela s'ajoute une incertitude sur la chronologie des événements. Quelle insolence !!! Pour une fois qu'un gros potentiel orageux est présent sur la région, les modèles numériques nous lâchent avec une fiabilité exécrable ! Les modèles n'ont commencé à se stabiliser que la veille, et je restais encore bien méfiant : les expériences précédentes m'ont appris à ne pas me réjouir trop vite.


   Le samedi 20, il est grand temps pour moi d'aller prendre position sur l'Ouest de l'Ile-de-France. L'activité orageuse pourrait commencer pendant la nuit, mais étant donné l'incertitude des modèles, je préfère prendre de l'avance. Mais cette fois-ci, ce n'est ni le ciel, ni les modèles qui m'ont lâché, mais ma tête. Je loupe mon train, et j'apprends dans le flou que le suivant ne me fera arriver qu'à 00h30 ...

Après une soirée suffocante sur Paris (mais bien accompagné), j'arrive sur Mantes-la-Jolie à 00h30. Alors que j'émerge en sortant de la gare, je constate, avec une certaine inquiétude, que les sols sont trempés, bien qu'il fasse toujours très chaud. Un frisson parcourt tout mon corps et des étincelles scintillent dans mon cerveau. Aurais-je encore loupé un orage, juste par étourderie ?! L'inquiétude grandit tandis que j'envisage toutes les possibilités : une petite averse, précurseur des orages, un cas isolé, rien à voir avec les orages attendus ... L'horizon s'anime soudain de lueurs lézardantes. Et la même effervescence s'anime dans mon cerveau. C'est bien un orage qui sévit vers le Sud. Mais l'orage serait venu du Nord ? Impossible ! Quoique ... Alors que je remonte lentement vers un spot d'observation, je bouillonne. C'est l'orage manqué de trop. Peu à peu, la colère l'emporte sur la raison. Car en effet, cet orage venait bien du Sud-Ouest et n'est pas passé sur Mantes, mais n'a fait que tangenter la ville, qui n'a vu passer qu'une averse.
Une fois arrivé, la colère s'est rapidement apaisée. Même si l'orage est loin, des éclairs sont nettement visibles au loin. Sans plus attendre, je m'installe sur un pilier, en me calmant au mieux pour faire bouger l'appareil le moins possible.

Enfin ! Alors que je tâtonne mon réflex, je prend conscience que je suis en train de réaliser mes touts premiers clichés d'éclairs nocturnes. Un brin laborieux certes, mais la persévérance paie. Rien d'exceptionnel, mais voilà un cliché qui signifie beaucoup : le premier éclair que j'ai réussi à photographier, sans extraire une image d'une vidéo de mauvaise qualité !

Coup de foudre au loin, vers le Sud-Est, dans la nuit du 20 au 21 août.

   L'orage s'éloigne, et ce ne sont bientôt plus que des flashs qui illuminent l'horizon. Les premières gouttes d'une nouvelle averse se font sentir. Il est grand temps de rentrer. Devant mon ordinateur, je me rend compte, avec un soulagement nuancé, que cet orage n'avait rien d'exceptionnel : une activité électrique perdue dans un passage d'averses. Néanmoins, quelques camarades ont réussi de superbes clichés au passage de ce petit orage.

J'apprends aussi, par la même occasion, que des orages forts sévissent sur les côtes Atlantiques et s'organisent en MCS qui remonte vers le Nord-Est. Ce MCS, mal prévu, a été parfois fort en milieu de nuit mais s'est vite déstructuré ensuite. Après ça, aucun autre orage ne se déclenchera le 21 août. Mais le plus important, c'est que les modèles se mettent enfin d'accord, et tout semble réuni pour l'organisation d'une forte dégradation orageuse sur le Nord-Ouest pour le lendemain. Idéal pour bien se préparer.

   Dans la journée, la batterie charge, la carte mémoire est vidée, l'appareil préparé ... Tout est prêt. Il ne reste plus qu'à espérer que ce n'était pas une nouvelle fantaisie des modèles.


[La suite, très prochainement !]

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