Le mois de novembre n'est pas souvent porté dans les cœurs. A quoi sert-il? Tout le monde travaille, en plein milieu du trimestre, les gens n'ont pas vraiment le temps de le voir passer. De toute façon, rien ne prête à aller voir plus loin que ses ennuis personnels : les températures tombent, le vent est désagréable et les nuages sombres et interminables nous font comprendre que ce n'est pas le moment d'aller chercher du réconfort dehors. En plein automne, le mois de novembre n'est qu'un mois de transition, aussi bien pour le ciel que pour notre rythme de vie. Rien de bien concret, tout change constamment, et rien ni personne ne sait où on va. On va, c'est tout.
J'étais face à ce vent qui ne s'arrête pas. Pire que le froid qui vous saisit, c'est le vent qui vous enlève toute votre chaleur. Il vous enveloppe, s'empare de vous et s'engouffre dans tout votre corps. Vous êtes piégé, et malgré toutes les techniques que vous pouvez trouver, le seul choix possible vous est vite imposé. Vous devrez irrémédiablement composer avec ce vent pénible, et vous plier à ses envies. Il s'invite même dans votre tête. Le bruit sourd, saccadé et continu du vent s'impose autour de vous, et brouille la moindre de vos pensées. Elles se perdent dans un envahissant vacarme silencieux qui domine désormais votre esprit, comme des gouttes de pluie versées dans un torrent.
Les arbres aussi se plaignent de ce vent incessant, las de se courber, n'ayant plus vraiment la force d'y résister. Ce vent balaye toute la vie qui pouvait être présente à chaque endroit : pas un oiseau ne fait de bruit, pas un mouvement dans les champs, pas un animal ne fait frémir un buisson. Même les nuages ne dominent pas la situation. Nombreux et déchirés, ils défilent en masse dans une unique direction, contraints et forcés de partir, comme des enfants qui s'amuseraient depuis bien trop longtemps rappelés à l'ordre. Derrière eux, ils laissent de temps à autre apparaître des nuages d'altitude qui semblent presque statiques, illuminés par la lumière orange du soleil couchant; un ravissant tableau de fond qui accentue davantage la morosité du sinistre spectacle dans lequel on baigne. La Nature entière se replie face à un vent impitoyable qui sonne la fin de la liberté. Et vous, seule preuve de vie encore présente, faites désormais partie intégrante de cet environnement sévère, dans lequel vous n'êtes pas le bienvenu. Comme un soupçon de révolte désespérée, vous avez eu l'audace de vous lever contre le vent. Mais sans surprise, il n'en est que plus désagréable, et vous constatez alors avec désarroi que cette atmosphère de demi-mort va vous rabattre aussitôt, comme elle l'a déjà fait avec tout ce qui vous entoure.
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