dimanche 14 mars 2010
Vote si tu peux.
La gare de Paris Saint-Lazare calme.
La phobie de milliers de voyageurs.
Car dans une gare aussi fréquentée, ce silence pèse forcément lourd sur l'esprit dès qu'on franchit les arches de la gare où le brouhaha des gens, des machines et des signaux de départs devrait normalement s'emparer de nos âmes pour entrer dans l'effervescence du quai principal, n'ayant temporairement plus que l'unique objectif de trouver sur quel quai on pourra trouver la délivrance du confortable retour dans sa calme ville de banlieue.
Condamné, comme un vers hameçonné plongé dans un lac, je me résigne à faire irruption sur les quais.
Et là, c'est le drame, le 12h20 n'existe pas, le prochain train n'est qu'à 14h20. Je me rabats, motivé, sur les semi-directs. Stupeur : les semi-directs eux aussi n'existent plus. Déconcerté, je prête alors attention à la voix de fond qui résonne dans le hall sans interruption.
Aujourd'hui dimanche 14 mars, un mouvement social suite à l'agression d'un contrôleur à Villennes sur Seine perturbe fortement l'ensemble des lignes de la gare de Paris Saint-Lazare.
Raow. C'est dimanche, je n'ai pas assez d'énergie pour raller et m'exaspérer, et aborde alors d'autres plans de retour. Après quelques informations, j'apprends que les bus inter-banlieue ne circulent pas le dimanche et constate alors avec impuissance ma totale dépendance à la SNCF.
J'envisage de prendre un Mantes via Conflans - décision oh combien difficile pour un mantais, passer de nos confortables directs grandes lignes aux durs sièges en carton des transiliens par l'itinéraire le plus long qu'on puisse imaginer pour Saint-Lazare, c'est comme de l'auto-mutilation.
Je me fond alors dans les petits troupeaux qui s'amoncèlent devant les écrans listant les prochains départs. Prochain Mantes via Conflans dans 20 minutes. Ca se fait. Mais ce n'est que 15 minutes plus tard que je me rend compte que tous les départs défilent sans avoir aucun quai d'attribué, puis disparaissent dans le néant sans voir aucun train sortir de la gare.
J'ai alors connu, pendant quelques minutes, ce sentiment étrange qu'est de se retrouver complètement bloqué à 60km de chez soi, sans aucun moyen de rentrer. Comme si subitement, une nouvelle frontière venait de surgir à l'ouest.
Heureusement, mon génial esprit dominical fait apparaître le souvenir lointain d'un train de légende qu'on appelle "le Mantes-Montparnasse". Etant le dernier filon caché qui me reliait à mon domicile, je quittais alors la gare Saint-Lazare pour me rendre dans la gare rivale de Paris Montparnasse, trouée dans du béton couleur béton moche. Miracle, enfin presque : le prochain train pour Mantes-la-Jolie part à 13h43.
Je cède à la non-patience, le courage du dimanche étant tout petit, et décide de ne pas passer les 40 minutes d'attente à venir sur les quais mais au Quick. J'ai eu alors tout le loisir de tomber sur un nouveau caissier qui ne connaissait ni les menus, ni même l'existence de la carte Imagin'R. Suffisamment fatigué, je n'ai pu prendre cette situation qu'avec le sourire!
Une fois mon plateau en main, j'espérais enfin pouvoir ruminer pleinement ma morosité du jour, seul dans un coin. C'était sans compter sur le fils qui pète un cable et agresse sa mère dans le restaurant à coup de pièces. Blasé de ce théâtralisme des relations complexes de la famille en plein dimanche midi, je m'empresse de finir mon dernier quick'n'toast parce que le long bacon ca existe pu, et je fuis toute cette agitation pour retrouver enfin le calme salvateur d'un semi-direct au départ de Paris Montparnasse et à destination de Mantes-la-Jolie. 1h19 pour me laisser envahir de lenteur, de découragement, d'inaction, glissant doucement vers mon refuge intime, où ma seule préoccupation n'est plus que de me laisser aller, à l'abri du monde extérieur.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
:)
RépondreSupprimerTout ça est très joli, mais... quel rapport avec les élections ?
RépondreSupprimerC'était le jour des élections °°. Et je rentrais principalement pour voter, c'était "l'action du jour". Donc, tout ça juste pour voter.
RépondreSupprimer