Je subis déjà trop cette polémique pour vous en parler davantage. Après le réchauffement climatique qu'on nous ressort systématiquement dès qu'on assiste à un petit soubresaut du temps, on a en plus maintenant droit à l'alarmisme de 2012 au moindre signe de temps éventuellement dangereux. De quoi devenir exaspérant quand on essaye d'expliquer au mieux comment de tels phénomènes ont lieu et qu'on se coltine au final ces réponses pré-construites.
Non, je ne vous parlerai donc pas de 2012. Néanmoins, je relis en ce moment "Histoire de la météorologie" d'Alfred Fierro, et j'ai ainsi eu le merveilleux plaisir de redécouvrir les prémices de la météorologie, entre les analyses étonnamment correctes pour leur époque et celles complètement farfelues.
Je vous propose de découvrir un petit extrait de ce bouquin traitant de "l'astrométéorologie". Voyez-y ou non une leçon à tirer pour notre future fin du monde, ça reste quoi qu'il en soit un agréable petit savoir à partager =).
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Ainsi, les Annales de Marbach, rédigées alors au monastère cistercien de Neubourg près de Hagueneau, en Alsace, nous apprennent-elles qu'en 1185 "un astronome de Tolède, nommé Jean, a envoyé des lettres par le monde entier, dans lesquelles il prétendait que l'an prochain, en septembre, il y aurait une conjonction de toutes les planètes et qu'alors soufflerait un vent qui détruirait presque toutes les habitations. Alors se produirait une grande mortalité, une famine et bien d'autres calamités et la fin du monde et l'arrivée de l'Antéchrist seraient imminentes. Sur ces événements, l'accord des astronomes, des philosophes et des mages, qu'ils fussent chrétiens, païens ou juifs, était total. Aussi une grande frayeur s'empara-t-elle de beaucoup de gens, si bien que certains se mirent à construire des demeures souterraines tandis que dans beaucoup d'églises avaient lieu des jeûnes, des processions, des litanies. Mais, afin que par-devant Dieu la sagesse de ce monde d'ici-bas apparaisse comme folie, au temps prévu de ce cataclysme régna dans l'air une grande sérénité et un grand calme et rien de ce qui avait été annoncé ne se produisit" .
En dépit des réticences et du scepticisme de beaucoup de gens d'Eglise, scepticisme qui apparaît nettement chez le rédacteur des Annales de Marbach, malgré les preuves flagrantes de l'inexactitude de la plupart des prédictions, l'astrométéorologie connut un immense succès. La référence aux astres, les complexes calculs nécessaires à la détermination de leur course, donnaient une apparence savante aux élucubrations des astrologues.
La prévision du temps n'était d'ailleurs qu'un aspect secondaire de l'activité de ces charlatans qui s'appliquaient encore plus à la prédiction du destin des grands de ce monde, duquel dépendait la prospérité des peuples et des Etats. La fréquentation des cours princières, la considération dont ils jouissaient en ces lieux, donnaient aux astrologues un vernis de respectabilité leur permettant de paraître au-dessus des sarcasmes de leurs détracteurs.
Ainsi Justus Stöffler (1452-1531) annonce-t-il dans des éphémérides imprimées en 1499 que la conjonction des astres provoquera un déluge en février 1524. Arrive février 1524 et il ne se produit même pas une inondation digne de mention. Pourtant le public demeure fidèle aux astrologues. Bien plus, les pronostications, ainsi qu'on les nomme alors, jouissent d'une extraordinaire vogue au XVIème siècle à travers l'Europe entière. Au siècle suivant, c'est sous le nom d'almanachs que ces élucubrations se diffusent largement jusque dans les foyers paysans les plus humbles. Des savants pourtant réputés comme Johannes Müller (1436-1476), plus connu sous le pseudonyme de Regiomontanus, Leonard Diggs (milieu du XVIème siècle),ou Johannes Kepler (1571-1630), apportent leur caution à cette pseudo-science. Parmi les oeuvres maîtresses de l'astrométéorologie, il faut signaler le Livre sur la prédiction du temps de l'Anglais Robert Fludd (1574-1637), alchimiste et philosophe rosicrucien dont les idées se perpétuent jusqu'à nos jours à travers l'Astrologie météorologique de A. Barbault, parue en 1945, ou l'Astrométéorologie de J. Lippens, publiée en 1952, rééditée en 1977, qui explique ainsi le rôle des douze maisons du zodiaque :
"La première, le Bélier et Mars (sécheresse) indique le point de départ du circuit, l'anticyclone, centre froid. La deuxième, le Taureau (terre) régi par Vénus (air) détermine la direction du vent au sol quittant le centre de l'anticyclone par suite de la rotation et du magnétisme terrestre, et ainsi pour chacune des dix autres maisons auxquelles correspondent respectivement vitesse du vent, pression barométrique, température, évaporation et degré d'humidité, pression atmosphérique, direction et vitesse du vent en altitude, pression et potentialité électrique en altitude, humidité relative." (J. Lippens, d'après J. Damiens, dans La Météorologie, décembre 1985, p. 14)"
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