vendredi 20 mai 2011

L'insolence des astres

Encore une journée de passée. Une demi-heure pour souffler. Rapidement, l'effervescence parisienne se diffuse et laisse place à la pause. Les pylônes défilent sans pouvoir même les distinguer, les maisons et bois qui s'alternent s'écoulent rapidement d'avant en arrière, et au loin, un gigantesque panoramique se dessine lentement, tandis que le ciel, lui, semble quasi statique. Pourtant, c'est bien lui qui captive le plus, peut-être parce qu'il bouge beaucoup plus qu'on ne le pense, mais avec plus de subtilité.
En quelques minutes, le bleu clair s'assombrit. Les contrastes s'accentuent sur les nuages d'un gris sombre à un  blanc doré, qui reflètent une explosion de couleurs chaudes à l'horizon. Alors que la bulle d'aparté s'enfuit au loin, la moitié du ciel est désormais teintée d'un rose intense qui se transforme sans trop savoir comment en orange là où le soleil disparait.
Encore un couché de soleil de passé. C'est beau, mais on viendrait presque à le considérer comme une simple vitrine de plus; on en voit tout le temps, en profiter pleinement à chaque fois serait un massacre pour notre emploi du temps.

Le petit cocon du soir se rapproche vite, et on pense déjà à se préparer au mieux pour le lendemain. Le spectacle traditionnel de fin de journée est derrière... Pourtant une autre lueur sort l'esprit de sa douce routine vers le sommeil. Alors qu'un bleu sombre inonde cette partie du ciel, une énorme tache rouge flamboyante perce l'horizon. En voilà une surprise : on est déjà habitué à être bercé par un magnifique couché de soleil, on s'attend moins à ce que le spectacle fasse des prolongations. Oui, c'est bien la lune. Mais à cet instant, elle n'a rien à voir avec la lune. Juste après les caresses du soleil couchant, il revient avec fracas en un écho féroce. Traversant en quelques instants tout un ciel, il persiste d'une douce insolence à assurer sa présence. Bien que tout plonge autour de soi dans un repos sombre et bleu marine, c'est toute une force qui est en train de s'opposer à la nuit. Au plus proche du sol, la lune énorme s'impose dans le paysage et semble presque écraser les arbres qui se font alors minuscules. Son rayonnement rouge écrase même le ciel noir bleuté, sa lente élévation affirme sa suprématie que rien n'arrêtera.
Aujourd'hui, la nuit ne tombera pas.

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