mardi 11 janvier 2011

Les feuillets d'atmosphère en veille...

C'est avec un peu de regret que je me vois obligé de faire cette annonce...
C'était de toute façon attendu, j'en avais déjà parlé récemment. Début mars auront lieu les écrits du concours commun externe de Technicien Supérieur de l'Equipement (concours TSE), qui permet notamment d'entrer à l'Ecole Nationale de Météorologie (ENM).
Je m'attendais cette année encore à une baisse du nombre de postes à pourvoir, mais pas d'une telle ampleur. Alors que 14 postes étaient à pourvoir l'année dernière, seuls 4 sont ouverts cette année. Ainsi, je rentre dès aujourd'hui dans une phase de révisions importante. Ce blog, qui m'est très cher et que, je le répète, je compte bien développer cette année, me prend cependant beaucoup de temps. Il est petit à petit devenu presque indispensable pour moi d'assurer un minimum de régularité des messages, notamment pour faire en sorte d'avoir une prévision qui s'enchaine après une autre sans laisser de "journée non prévue".

Vous l'aurez compris, je ne serai désormais plus en mesure d'assurer une mise à jour régulière du blog, et ce jusqu'à début mars.
Néanmoins, il m'est tout simplement impossible de l'abandonner étant donné la valeur que je lui porte. Ainsi, les feuillets d'atmosphère ne s'arrêtent pas, mais rentrent "en veille". J'essaierai de continuer à informer au mieux des épisodes météorologiques les plus importants, c'est à dire si des coups de vent, tempêtes, vagues de froid, orages conséquents ou tout autre phénomène remarquable sont prévus/observés. Il est possible que tout ceci soit concentré dans "les petites infos".


Enfin, je ne peux m'empêcher d'attirer votre attention sur la situation de la météorologie en France. La France a brillé plus d'une fois par le passé dans ses compétences et avancées en matière de météorologie. Mais cette chute impressionnante du nombre de postes à pourvoir au concours TSE sonne pour moi comme un signal d'alarme.

L'ENM est gérée par Météo-France. Météo-France est un établissement public administratif, et répond donc aux politiques appliquées au service public... Cet organisme est financé par l'Etat, les redevances aériennes et enfin par la vente de ses produits. Bien évidemment, la part de l'Etat est très conséquente (comme c'est le cas partout dans le monde).
Cependant, le budget accordé par l'Etat baisse sans cesse depuis plusieurs années. Inévitablement, c'est un profond remaniement de Météo-France qui se met alors en place. La suppression de plus de 30% des postes est prévue d'ici à 2018, par non-remplacement des départs à la retraite. Cette suppression de postes se couple désormais au report du départ à la retraite à 62 ans, qui provoque inévitablement un véritable bouchon à l'entrée.
Ainsi, en ce moment même, les centres départementaux météorologiques (CDM) ferment un par un. Plus de la moitié devraient disparaitre. Alors qu'1 centre était présent par département (environ 100), 60 devraient disparaitre. Les CDM sont des structures qui permettent une véritable adaptation des prévisions et risques météo au niveau local, en étroite collaboration avec de nombreux autres services (gestion des routes, protection des crues, sécurité aérienne, alertes météo, ...). La suppression de plus de la moitié des CDM sonne la fin d'un service adapté aux conditions locales, qui peuvent être très variables.

La météorologie se base sur des échelles "imbriquées" qui vont de la planète entière jusqu'aux interactions des molécules de l'atmosphère. Et l'échelle locale a une météorologie bien particulière où toutes les variations du sol peuvent avoir une incidence : exposition au vent, forêts, vallées, montagnes, littoral, urbanisation, cours d'eau, nature du sol, ... Toutes ces caractéristiques ont un effet notable sur le temps local et les conséquences qu'il peut entrainer.
Les modèles météorologiques répondent aussi à des systèmes chaotiques. Cela signifie que des variations infimes des conditions initiales, ne serait-ce que la simple marge d'erreur d'un outil de mesure, peut avoir des conséquences très importantes dans l'évolution du système à plus grande échelle. Ainsi, toute variation locale du temps peut avoir une incidence notable sur la prévision du temps à plus grande échelle.
La centralisation du réseau d'observation de Météo-France, c'est donc aussi le risque de voir les prévisions météorologiques perdre en qualité et précision, d'autant plus que les modèles à maille fine (modèles de prévision à maillage resserré sur la surface, qui modélisent les conditions atmosphérique avec une précision de 1 à 10km) sont entrés en service depuis seulement quelques années.

La prévision du temps commence avant tout par l'observation du temps et en dépend énormément. Elle joue d'autant plus un rôle très important dans la société actuelle : le dernier exemple on ne peut plus explicite, c'est la polémique pendant les problèmes dus à la neige en décembre. Elle est aussi bien cruciale pour la marine, l'aéronautique et l'agriculture que pour l'économie et la sécurité.
Les conséquences d'une dégradation de la prévision et de l'observation du temps sont innombrables à notre époque, mais elles ne vont surement pas tarder à se faire sentir.
Plus encore que les conséquences que cela peut engendrer, c'est cette hémorragie de la météorologie en France qui m'écoeure. C'est une science qui est en train d'être délaissée et qui disparait lentement de notre territoire, avec la suppression pure et simple de certains métiers. Le recrutement de Techniciens Supérieurs aura-t-il encore lieu l'année prochaine? Ils en recrutaient 21 il y a 3 ans, 14 l'année dernière, 4 cette année. La question a tout lieu de se poser car elle correspond à une réalité flagrante.


La météorologie française souffre, et risque de finir bien mal en point... Elle a pourtant beaucoup donné et a encore beaucoup à offrir. Ainsi j'espère après ces quelques lignes que le "grand public" sera plus conscient de la situation de la météorologie en France aujourd'hui. Mais si les météorologistes deviennent choses rares, j'aime à me convaincre que les passionnés de météo, eux, résisteront.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire